Quels sont les différents stades de la maladie ?
C’est très vaste car il y a plusieurs types de tumeurs cérébrales, du stade 1 au stade 4, du moins grave : stade 1 ; au plus grave : le stade 4 qui est un stade métastatique diffusant la tumeur ailleurs dans le corps (poumon, foie..). C’est le stade le plus avancé. « Nous pouvons toujours faire quelque chose mais nous savons très bien qu’au stade 4, nous n’avons plus d’espoir de guérison. Simplement des soins palliatifs pour le patient ». (Docteur Douart)
Peut-on toujours en guérir ?
Nous ne pouvons pas toujours guérir d’une tumeur cérébrale. En fonction de leur gravité, certaines sont plus agressives, d’autres le sont moins mais doivent être retirées en opérant très profondément. Ce n’est pas toujours possible d’enlever toutes les cellules cancéreuses car il y aurait trop de séquelles importantes (attaque cérébrale, paralysie, arrêt de la parole). Ces troublent peuvent être causés par une opération trop profonde dans le cerveau qui touchent l’ensemble de la matière cérébrale et peut dérégler le fonctionnement du cerveau. Il y a également des tumeurs bénignes (non cancéreuses) qui sont quand même dangereuses dans le cerveau à cause de leur localisation.
Où est-il possible d’opérer ?
On peut opérer lorsqu'elles ne sont pas trop loin de la boite crânienne, à gauche, à droite et autour. Ce n’est malheureusement pas possible d’opérer au milieu du cerveau (tronc cérébral : il remonte jusqu'au dessus de la colonne et commande les centres de la respiration et du cœur). Cela peut provoquer des risques fatals.
Quels sont les autres moyens pour tenter de retirer une tumeur cérébrale ?
La radiothérapie (rayons), la chimiothérapie ainsi que des médicaments avec la chimiothérapie par la bouche ou intraveineux.
Ces traitements sont choisis en fonction du type et de la localisation de la tumeur (pas forcément plus fort). Le traitement d’un patient est discuté dans des comités pluridisciplinaires en Neurologie où des cancérologues, neurologues et neurochirurgiens sont présents afin de se concerter pour trouver le meilleur traitement en fonction du cas du patient.
Y a-t-il un âge ou on a le plus de risques de développer une tumeur ?
Cela dépend du type de tumeur (elles n’ont pas la même étude du tissu au niveau du microscope). Il y a cependant une prédilection chez les sujets jeunes (elles font partie des tumeurs qu’on peut attraper jeune) mais peuvent être développées par le cerveau à n’importe quel âge.
L’environnement joue-t-il un rôle dans le développement des tumeurs cérébrales ?
Il y a la fameuse discussion sur les ondes des portables qui n’a pas été encore prouvée. Il n’y a pas vraiment de causes de l’environnement, on génère soit même des chromosomes qui se développent mal, c’est génétique acquis, ce n’est pas acquis au cours de la vie et ce n’est pas forcément familial.
Quels sont les symptômes les plus fréquents ?
Des maux de têtes (extrêmement forts), des nausées, des vomissements, des paralysies (ce trouble peut être considéré comme motif de découverte et peut faire penser à une attaque) ou qui peut apparaître après la détection, cela s’appelle l’hémiplégie (la moitié du corps est paralysée). D’après le docteur Douart, « quand une tumeur est dans le cerveau, elle provoque des maux de tête très douloureux car le cerveau est inextensible à cause de la boite crânienne ». Il y a également des troubles de la parole, des problèmes et difficultés de compréhension, de concentration, de vue…) qui peuvent être considérés comme une détection d’une tumeur chez le patient.
Les symptômes dépendent de la localisation de la tumeur, de sa gravité et du cas des patients.
Quels sont les moyens techniques et scientifiques permettant de détecter les tumeurs cérébrales ?
Il y a tout d’abord le scanner, en chef de file et également l’IRM.
Que répondez-vous à un patient qui est atteint d’une tumeur cérébrale ?
« Il n’y a pas de règles précises pour un médecin. Jeune ou pas, c’est toujours très difficile d’annoncer à un patient qu’il est atteint d’une tumeur ».
Le médecin annonce le résultat petit à petit, pas directement. La gravité est évoquée lorsque les médecins estiment que le patient est en mesure de l’apprendre, au niveau psychologique.
Lorsqu’un patient est majeur, c’est lui qui est mis au courant en premier, lorsqu’il est mineur, c’est la famille en priorité.
Avez-vous rencontré des cas diagnostiqués à ne pas survivre et qui ont combattu cette tumeur et s’en sont sortis ? Ou le contraire ?
« On ne peut pas le savoir, parce que nous-mêmes, nous ne pouvons pas le deviner. Il y a des surprises. Nous pouvons avoir des opinions avec notre expérience au cours du temps, mais on ne sait jamais combien de temps il va rester à un patient atteint d’une tumeur cérébrale, tout dépend de la localisation ».
Le docteur Douart a déjà rencontré, au cours de sa carrière de cancérologue, des cas qui ont survécu à une tumeur alors qu’ils étaient diagnostiqués à ne pas survivre car l’ensemble des médecins, cancérologues, neurologues et neurochirurgiens n’avaient plus d’espoir. Cependant, lorsqu’un patient est atteint d’une tumeur cérébrale de stade 4, il n’est quasiment pas possible qu’il puisse en guérir et inversement pour un patient atteint d’une tumeur cérébrale de stade 1 qui, prit en charge à temps, s’en sort généralement (à part lorsque le stade augmente et que la tumeur se développe).
Il n’y a pas d’explication « au chant du cygne » ou « regain ». C’est une période observée au cours du traitement du patient, qui désigne un laps de temps au cours duquel le patient va beaucoup mieux quelques mois avant de mourir. Il retrouve certaines capacités qui ne lui étaient plus accessibles et puis soudainement plus rien ne va, plus rien n’est envisageable pour sauver la vie du patient. Cette période est stoppée par la mort du patient quelques mois plus tard.
« C'est une sorte d'embellie avant la débacle ».
Y a t-il toujours des séquelles ?
Non, pas forcément, si c'est une tumeur de faible stade, bien localisée, la chirurgie peut être utilisée pour retirer complètement l'ensemble de la tumeur avec l'aide des rayons et de la chimiothérapie (c'est un traîtement très lourd pour le patient).
Y a t-il toujours des récidives ?
On n'est jamais à l'abri qu'il reste de minimes cellule cancéreuses non retirées qui se développent pour former une autre tumeur. Il faut être très vigilant. Ce n'est pas pour autant qu'il y a toujours des récidives.
Cela doit être également difficile pour le personnel médical ?
« Nous sommes des humains avant d'être médecins, on peut aussi être mal, on peut aussi avoir de mauvais passages. Nous les soignants, nous devons être vigilants et s'entraider moralement lorsque ça ne va pas. »
Comment vivez-vous la gravité des cas, par exemple décès, attachement au patient, récidives dans la plan moral de votre profession ?
« La mort de certains patients est parfois plus difficile à accepter que d'autres. On soigne des personnes avec qui on noue des liens car ils sont régulièrement hospitalisés dans notre service. On doit parfois soigner des collègues du personnel médical, ce qui n'est pas facile pour nous moralement, mais on tient le coups, nous n'avons pas d'autres alternatives. Il faut pourtant agir avec empathie. Nous ne devons pas créer des liens forts avec nos patients, notre rôle est avant tout de les soigner ».
Qu'est ce qui vous a pousser à devenir cancérologue et quelles étaient et sont vos ambitions ? Comment en êtes vous arriver là ? Par le biais de quelles études ?
Dr. Douart n'avait pas vraiment d'ambitions, ni de motivations. Il n'était pas très studieux, il a obtenu son bac scientifique (anciennement bac C) au rattrapage avec spécialisation mathématiques. Cependant, il n'avait pas en sa possession un assez bon dossier pour intégrer une école de commerce. Il s'est alors dirigé vers la FAC de médecine sans réelle volonté. Il a redoublé sa première année comme la plupart des étudiants, puisque c'est une rude année. Malgrè tout, il s'est investi afin de réussir son concours. Anciennement, le taux de réussite à ce concours était de 25% alors qu'actuellement les critères de réussite son beaucoup moins difficiles en raison du besoin de nouveaux médecins dans les campagnes.
Avez-vous rencontré dans votre carrière des cas extrèmes ou exceptionels qui vous ont donné une leçon de vie à travers leur courage et leur volonté de se battre ?
« Oui, j'en ai rencontré plusieurs fois. On prend une vraie claque quand on se plaint pour peu de choses alors qu'il y a des patients qui ont tous les effets secondaires de la chimiothérapie et qui ne se plaignent à aucun moment. Il y a des personnes qui nous en montreraient avec un optimisme absolument désarmant ».
Pensez-vous que les progrès de la médecine permettront un jour de guérir au mieux le plus grand nombre de patients atteints de tumeur ?
« Je le souhaite, mais on en est encore loin tout de même ».
Rien ne permet de le confirmer. Par rapport à ses études, depuis qu'il a passé son module en cancérologie en 5ème année de médecine en 1992, d'énormes progrès ont été réalisés. Mais malheureusement, il y a encore de nombreux cancers difficiles à détruire (tumeurs cérébrales où il y a peu de progrès de réaliser en vue de la difficulté de destruction de ce cancer). Le scanner existe depuis les années 1980 (très récent), il s'améliore de plus en plus pour devenir plus performant. L'IRM, lui, existe depuis les années 1990 (encore plus récent).
On guérit aujourd'hui environ un cancer sur deux. Il n'y aura pas de gros progrès véritablement nouveaux et bouleversant dans le domaine de la médecine maintenant, pas dans un avenir proche.
« Il faut tuer la maladie, avant qu'elle ne vous tue ».